SENEGAL
¨¨Mouvement Citoyen Pour la Paix et la Concorde¨¨
STAFF

Mr Abdoul Aziz BA
President Fondateur; Louga SENEGAL
(français, anglais, wolof pour me contacter)


Madame Fatimata TALL BA
Chargée Formation batik & cuisine. Louga SENEGAL
Elisa VERRI
Collaboratrice basée en ITALIE
(italien, français, espagnol pour me contacter)
mcpc.elisa@gmail.com
POUR QUOI et POUR QUI?

Avec une population de 15 millions d’habitants, le Sénégal fait fort de compter un tel nombre d’enfants âgés
de 3 à 14 ans qui vivent sans leur parents, et passent la plupart de leur temps à mendier dans les rues des villes
du pays, exposés à tous les dangers dont celles-ci regorgent.
Les talibés, ainsi que les appellent les Sénégalais, sont supposés étudier le Coran sous les auspices d’un maître,
le marabout, qui est censé les former à la dure pour réussir dans ce qu’ils entreprendront après leur sortie
du daara, ou école coranique. Et pourtant, la réalité des choses ne pourrait être plus éloignée de cet idéal éducatif
venu d’un autre temps. Pour mieux comprendre le fossé qui sépare l’imaginaire du daara de sa réalité,
enfourchons notre machine à remonter le temps pour explorer les origines de ce fait social.
Au départ, les daaras étaient uniquement situés dans le milieu rural. Les talibés
travaillaient dans le champ du marabout en échange de quoi celui-ci leur
fournissait une instruction musulmane, et prenait soin d’eux.
La mendicité occupait alors une part minime du temps des enfants, son rôle était
alors de leur apprendre la patience, l’humilité et le partage, car ils devaient
mettre en commun tout ce qu’ils récupéraient.
Finalement, évoluant dans le village ou à sa proximité, ils restaient dans un
environnement familier et peu dangereux.
Période de passage à l’âge adulte, le séjour au daara formait des hommes prêts à s’intégrer dans la société.
La métamorphose des daaras se fit au courant des années 1980 et 1990. Elle a pour
cause les crises économiques et agricoles qui secouèrent le Sénégal, non sans
l’aide des plans d’ajustement structurel imposés par le F.M.I. de John Wolfhennsson,
dont la dureté marque encore l’imaginaire sénégalais.
A cause de la réduction des budgets dédiés à la santé, l’éducation, aux aides sociales
et aux subventions agricoles, le tissu social traditionnel qui favorisait l’entraide
perdit vite de sa substance. Au même moment, plusieurs sécheresses accablèrent l’intérieur du pays, réduisant la sécurité alimentaire et poussant un nombre croissant de parents à se défaire de leur nombreuse progéniture auprès des marabouts, plutôt que de l’école publique qui, bien que gratuite était accompagnée de nombreux coûts (transport, fournitures etc).
Mais les marabouts étaient confrontés aux mêmes difficultés que les parents et, très vite, ils délocalisèrent leur daara au sein des villes, où l’activité économique avait déjà repris.
Face à ce nouvel environnement, les daaras changèrent beaucoup: ne pouvant plus fonctionner sur la récolte
du champ du marabout comme c’était le cas à la campagne. Il fallait que les talibés passent plus de temps dans la rue afin de récolter assez d’argent et de nourriture. En ville, les talibés sont exposés à toutes sortes de dangers: accidents de la circulation, trafic de personnes, brutalités…
Loin de leurs familles et encore jeunes, ils ont peu de repères ou de moyens de se défendre en cas d’abus dans la rue ou de la part du marabout. Ce dernier, d’ailleurs, n’est plus confronté à la pression sociale qui dans le village le poussait à réellement enseigner quelque chose aux enfants et à prendre soin d’eux.
La combinaison de la hausse des prix des denrées, du logement et de l’absence de supervision des daaras fait que le sort des enfants dépend entièrement du marabout qui l’encadre. Certains possèdent même plusieurs daaras et s’enrichissent sur le dos des enfants, tout en cachant la vérité aux parents.
La vétusté des daaras est un fait connu, les maltraitances des talibés maintes fois médiatisées.
